mercredi 19 septembre 2012

«Denis Hopper est mort ?»

«Oui, et ça fait un moment déjà». Ma blonde ne le savait pas. Elle lisait des trucs sur l’iPad et venait de réaliser la chose. «Qu’est-ce que tu lis ?» «Rien, je suis dans ma bulle». Il ne faut pas que je l’embête lorsqu’elle lit. C’est drôle qu’elle passe à côté de ce genre de nouvelle. Il faut dire qu’elle est plutôt du type à m’apprendre que Kundera vient d’être publié dans la Pléiade ou que Simone de Beauvoir a mis les pieds en Espagne pour la première fois à 23 ans. J’étais un fervent cinéphile à une époque, normal que je ne sois pas passé à côté de cette nouvelle le 29 mai 2010. C’est surtout son personnage déjanté dans Blue Velvet qui m’a marqué, mais je réalise qu’il faisait partie de la distribution de plusieurs films que j’ai vu à travers les années, Apocalypse Now, L’Ami américain, Easy Rider, Rusty James, The Indian Runner, True Romance et même Flashback

«Regarde, le chocolat fige instantanément». C’était ma fille de dix ans à l’autre bout du comptoir qui versait du chocolat fondu sur des bleuets congelés achetés plus tôt à l’épicerie. Elle, c’est la cuisine qui la passionne, les desserts, les vinaigrettes, les smoothies. Elle n’est jamais très loin lorsque je me pointe dans la cuisine pour préparer un repas.
 
J’ai ajouté les concombres à la salade, fait une vinaigrette avec de la moutarde de Dijon, du vinaigre de riz et de l’huile d’olives. On a mangé la salade avec une quiche aux poireaux et discuté de nos lectures d’adolescence. Je lisais Camus, elle lisait Zola. Ma blonde a essayé de faire lire La Vie devant soi à notre fille de quinze ans, mais c’est peine perdue. «La littérature pour ados est aujourd’hui trop formatée» je faisais remarquer. Malgré ces beaux discours, je réalise qu’il n’y a plus beaucoup de livres sur ma table de chevet, qu’un iPad rempli d’épisodes de Breaking Bad, de Game of Thrones ou de True Blood…

vendredi 14 septembre 2012

Caught by the Fuzz

Gaz, Danny et Mick du groupe britannique Supergrass au Roundhouse, Camden, 2008. Photo: © Keira Vallejo/GNU Free Documentation License
Les souvlakis au poulet font l’unanimité à la maison. Lorsque je suis à cours d’idées pour le souper, je peux toujours me rabattre sur ce bon vieux classique et je sais qu’il n’y aura pas de grève de la faim. De plus, c’est un repas qui se prépare rapidement, suffit qu’il soit goûteux. Pour cela, il faut bien faire macérer les morceaux de poulets dans une marinade avec un peu d’huile et beaucoup de jus de citron, et surtout, bien presser le poulet avec les mains dans la marinade. Pour la sauce, j’opte toujours pour celle d’Arahova, produit dérivé du célèbre restaurant montréalais. Je sais, je pourrais faire une tzatziki maison, mais ce serait un peu comme essayer de reproduire la recette du ketchup Heinz.

La première fois que j’ai mangé de la sauce tzatziki, c’était au restaurant La Belle Province de Sorel. Après des soirées à se péter la fuse (comme dirait Michel Désautels, si si, le Michel Désautels qui anime Désautels à la radio de Radio-Canada qui a dit ça hier en commentant un reportage sur l’ouverture du premier bar de Verdun), on se retrouvait à La Belle Province pour engloutir des souvlakis au porc extra tzatziki. Vous comprendrez que lorsque ma mère ouvrait la porte de ma chambre le matin, elle avait tôt fait de la refermer chassée par ce relent d’ail et de bière qui flottait dans la pièce. Plus tard, les shish taouk et les empanadas de la Chilenita allaient remplacer les souvlakis. C'était une autre époque glorieuse rythmée au son de Supergrass, d’Elastica ou d’Oasis.

Pourquoi je repense à tout ça ? Peut-être à cause de la nouvelle chanson accrocheuse des Trois Accords, Bamboula, qui empreinte de nostalgie sonne comme du Joy Division, un de mes groupes fétiches. Mais peut-être et surtout à cause de ma fille de 15 ans qui a récemment découvert Supergrass sans doute en entendant la pièce Alright dans un film. C’était en 1995, l’époque d’I Should Coco, des bars de la rue St-Laurent, des concerts et des rides en vélo. C’était juste avant que l’on ne bascule dans l’ère du Web alors que j’acceptais lentement de devenir adulte.

jeudi 13 septembre 2012

Gravity Always Wins

C’était l’an dernier, à la fin de l’hiver. J’étais sur le toit de la maison à dégager la neige et retirer des plaques de glaces. Pour soulever une plaque particulièrement récalcitrante, j’ai mis de côté la pelle et j’y suis allé à l’ancienne, à-bras-le-corps. C’est alors que j’ai entendu un léger cric dans le bas du dos, signe qu’il venait de se passer quelque chose dans cette région pourtant paisible. J’allais alors découvrir qu’il pouvait y avoir là-bas des tiraillements violents entre je ne sais trop quelle partie de ma colonne et de mes muscles pas assez souvent sollicités. Il faut dire que je passe mes journées devant un écran, cinq jours sur sept, assis dans une chaise Ikea Snille à 30$. Mon dos me faisait peut-être signe qu’il était temps de changer de chaise. Il m’y a fait penser au moins pendant une semaine, jusqu'à ce que la douleur disparaisse. Mais comme je suis du genre à ne pas écouter ce type de message, j’ai laissé passer, et cette région du bas du dos est redevenue aussi paisible que la Suisse. Jusqu’au jour ou un autre meuble Ikea, cette fois un canapé d’angle, réveille les hostilités. En effet, en essayant de soulever le canapé, sous l’angle droit (chose à ne pas faire) pour y glisser le tapis, j’ai de nouveau entendu le cric pas joyeux.

C’était samedi et ce jeudi, je suis toujours assis sur ma chaise Snille et lorsque je me lève après une heure ou deux, je dois me déplier comme une figurine de latex. J’ai bien essayé de passer la douleur avec ces comprimés qui soulagent ce genre de mal, mais à part faire de bonnes pubs, ces produits ne servent pas à grand-chose. Encore quelques jours et je serai remis. Il faudra bien que je corrige la situation, c’est comme ma vue qui baisse, il faudrait bien que je songe à aller m’acheter des lunettes. Gravity always wins comme dirait Thom Yorke, mais It’s better to burn out than to fade away comme dirait Neil Young, alors Je bois, comme dirait Boris Vian.


vendredi 7 septembre 2012

Bières et vins

Difficile de passer à côté des bières locales dans le Vermont. J’ai découvert la Shed à Stowe. Née au défunt restaurant Shed, en 1995 à Stowe, cette bière est maintenant brassée par la brasserie Otter Creek, installée un peu plus au sud à Middlebury. J’ai acheté un six packs d’India Pale Ale dans une petite épicerie de Stowe. Malheureusement, j’ai laissé la caisse dans le coffre de ma voiture durant toute la durée d’un souper au Crop Bistro and Brewery, l’ancien Shed Restaurant. Lorsque nous avons ouvert la bière plus tard à l’hôtel elle était tiède. L’India Pale Ale est une bière avec beaucoup d’amertume, mais tiède, elle devient lourde et difficile à avaler. Dommage, elle s’est retrouvée ce soir-là au fond du lavabo. Mais ce n’était que partie remise car, une fois bien rafraîchie dans mon frigo j’ai enfin pu apprécier son goût subtil. Définitivement une bière à découvrir, mais encore faut-il la boire bien froide.

Lorsque qu’on s’arrête à Burlington on ne manque pas d’aller faire des courses au City Market, une coopérative alimentaire qui ressemble à s’y méprendre à un Whole Foods. J’y ai notamment acheté deux bonnes bouteilles de vin. Une bouteille d’Alias, un cabernet sauvignon de Californie et une bouteille de Banrock Station, un chardonnay australien. Pour moins de 15$ la bouteille, j’ai eu la chance de tomber sur d’excellents vins, frais et fruités, comme je les aime. L’avantage des épiceries américaines ou européennes, c’est qu’on y trouve ce genre de bouteilles à des prix vraiment ridicules. Malheureusement, nos épiceries n’offrent que des vins génériques et chers pour la qualité offerte. Vivement le jour où la SAQ ne détiendra plus le monopole de la distribution des vins de qualités au Québec.

jeudi 6 septembre 2012

Coca-Cola, chérie !

J’ai passé le week-end de la fête du Travail dans le Vermont, aux États-Unis. L’une des choses que j’apprécie particulièrement dans un autre pays, c’est de visiter une épicerie. Rassurez-vous, j’aime aussi visiter les musées, les librairies et les marchés, mais l’épicerie est l’endroit où l’on croise les locaux et où forcément, on vit au rythme de la communauté. J’ai grandi avec la télé américaine et chaque samedi, je regardais des dessins animés entrecoupés de publicités de céréales, elles aussi animées. Les pubs de Count Chocula, de Trix et autres Lucky Charms alimentaient mes besoins de jeunes consommateurs.

Malheureusement ou heureusement, les allées du Steinberg n’étaient pas aussi garnies en boîtes de céréales que celles des épiceries du pays voisin. J’ai donc alimenté longtemps le désir d’aller visiter l’allée des céréales d’une épicerie américaine un peu comme un admirateur de Courbet rêve d’aller visiter le Musée d’Orsay. J’étais trop jeune pour me souvenir de mon premier voyage aux États-Unis, mais lorsque j’y retourne avec mes filles, j’aime bien m’attarder dans ces allées qui me rappellent les pubs des années 70. J’ai consommé mon lot de céréales sucrées dans mon enfance et aujourd’hui, l’envie a passé, ce qui vaut mieux pour mon tour de taille.

L’envie d’une cannette de Coke n’a toutefois pas disparue avec l’âge et si je peu satisfaire cette envie en ouvrant la porte du dépanneur en face de chez moi, il faut me rendre aux États-Unis pour me procurer une cannette de Coke Cherry. Je sais, c’est comme boire une tasse de sucre, mais lorsque j’en bois, ça me rappelle la première fois que j’ai bu du Dr. Pepper. Je devais avoir 10 ans et j’étais allé passer quelques jours chez les cousins américains de ma voisine. J’y avais gagné mes premiers dollars pour avoir empilé du bois de chauffage et je me souviens avoir assisté à la fête d’une fille de mon âge qui habitait une maison dix fois plus grande que la mienne.

Bref, j’ai ramené une caisse de douze cannettes de Coca Cola Cherry du Vermont. Il n’en reste que quatre ou cinq dans le frigo. Je ne suis pas celui qui en boit le plus, au grand désarroi de ma blonde qui déteste que j’achète des boissons gazeuses. Cependant c’est elle qui a acheté quatre bouteilles d’Orange Cream Polar Classics au Hannaford d’Essex, près de Burlington. Une boisson gazeuse old style, qui existe, si l’on se fie à ce qui est écrit sur la bouteille, depuis 1882. Mais elle aussi doit bien contenir son lot de sucre. Je ne sais pas pourquoi, mais à force d’écrire sur le sujet, j’ai soudainement envie d’aller me brosser les dents…